Scolia hirta, la scolie hirsute

Portrait d'un mâle de Scolia hirta, la scolie hirsute
Scolia hirta - Mitutoyo 5x/0,14 et DCR-150

Scolia hirta (Schrank, 1781)

Hymenoptera – Scoliidae – Scoliinae

Noms vernaculaires : scolie hirsute

Présentation

Les Scoliidae sont proches des guêpes, mais ce sont des hyménoptères solitaires et non des insectes sociaux.
C’est à cette famille qu’appartient la scolie des jardins, Megascolia maculata, un des plus grands hyménoptères d’Europe. La femelle peut en effet mesurer jusqu’à 60mm de long.

Le corps des scolies est souvent poilu.
C’est le cas d’ailleurs de notre bien nommée scolie hirsute.

Scolia hirta mesure de 15 à 25mm.
Son corps est noir, avec 2 bandes jaunes sur le dos (1 seule bande pour la sous-espèce Scolia hirta unifasciata).
Les ailes sont fumées.

Le mâle présente 3 pointes à l’extrémité de l’abdomen.
Ses longues antennes comptent 13 segments, contre 12 pour la femelle.

Extrémité de l'abdomen Scolia hirta, la scolie hirsute
Pointes à l'extrémité de l'abdomen d'un mâle de Scolia hirta - Mitutoyo 5x/0,14

Biologie

Les Scoliidae sont spécialisés dans le parasitage de larves de coléoptères. Des coléoptères de la famille des Scarabaeidae.
Chaque espèce a ses proies de prédilection.
Pour notre Scolia hirta, ce sont les larves de cétoine.
Pour vous présenter notre malheureuse victime, voici une photo que j’ai empruntée sur le web.

Larves de cétoine
Larves de cétoine - Image du web

Chasse souterraine

Les larves de cétoines apprécient particulièrement le terreau des tas de compost ou le pied des arbres en décomposition.
C’est sur ces terrains que nous allons retrouver notre scolie.

En été, après l’accouplement, la femelle de Scolia hirta part à la recherche de ses proies.
Le problème c’est que les larves de cétoines vivent profondément enterrées.
La scolie va devoir s’enfoncer dans le terreau pour les atteindre.
Elle est heureusement équipée de puissantes mandibules et de pattes griffues qui vont l’aider dans cette tache de terrassement.
Notre scolie est maintenant sous terre, il lui faut alors trouver une cible.
Et pas une larve rabougrie, non, il faut que cette dernière soit arrivée à terme. Bref trouver une bonne grosse larve bien dodue.

Contact et coup de dague empoisonnée

La cible est en vue, ou plutôt à portée, car n’oublions pas que la scène se passe à quelques dizaines de centimètres sous terre.
Face à la scolie, la larve qui atteint les 30mm en impose.
Elle possède des mandibules pour broyer les matières végétales mais peuvent aussi servir de moyen de défense.
Et elle se replie en forme de fer à cheval pour protéger le dessous de son ventre, la zone la plus fragile.
Tel un matador, la scolie va devoir maitriser la larve afin de planter son dard juste derrière la tête. C’est là que se situe le systéme nerveux centralisé de la cétoine.
Scolia hirta a réussi à piquer la larve. Le corps de cette dernière devient complètement inerte.
Ainsi allongée sur le dos, son abdomen est maintenant vulnérable.
C’est là, sur une zone très précise que la scolie va déposer un œuf.

A consommer sur place

Alors que beaucoup d’espèces parasitoïdes prennent soin de préparer une chambre douillette pour leur larve, dans laquelle elles transportent la(les) proie(s), la scolie fait dans le rustique.
Là où la larve de cétoine est terrassée, là naitra la future scolie. Au milieu du compost.

Une larve vorace

Lorsque la larve éclot, elle se met aussitôt à pied d’œuvre. Sans même se déplacer elle entame son stock de nourriture. 
Imaginez, une montagne de chair 600 à 700 fois plus grosse qu’elle !
Après avoir incisé la peau, la scolie va littéralement plonger dans son garde-manger. Tout l’avant de son corps restera ainsi dans les entrailles de la malheureuse victime jusqu’à la fin du funeste festin.

Mais attention la dégustation doit être méthodique et ordonnée.
Il lui faut garder la proie vivante jusqu’aux dernières bouchées. 
Si par malheur elle consomme un organe vital, la larve de cétoine meurt, se décompose et entraine la perte de la larve de scolie qui s’empoisonne.
Alors avec précision, notre future scolia hirta va s’appliquer à déguster les couches graisseuses, les muscles, puis les organes non essentiels, avant de terminer par les organes vitaux.
Il ne restera plus que la peau de la cétoine.
Notre larve de scolie va commencer à tisser un cocon de soie très résistant, composé de 2 parois, dans lequel elle va entamer sa nymphose. Elle y passera l’hiver et émergera au printemps, dans sa forme adulte.

Ce comportement s’observe pour les autres espèces de scolies.
La proie diffère, mais la méthodologie de parasitage est identique.

A chaque espèce sa proie

Ce comportement s’observe pour les autres espèces de scolies.
La proie diffère, mais la méthodologie de parasitage est identique.
La géante Megascolia maculata va elle s’attaquer à l’énorme larve de Oryctes nasicornis, le rhinocéros européen. 

En lien : une des proies de notre Scolia hirta, la larve de Cetonia aurata, la cétoine dorée.

Mâle de Scolie des jardins, Scolia maculata flavifrons, sur une fleur de poireau sauvage
Mâle de Megascolia maculata, la scolie des jardins
Femelle de Megascolia maculata flavifrons, la scolie des jardins
Femelle de Megascolia maculata, la scolie des jardins

Confusions possibles

Il existe plusieurs espèces et sous-espèces de scolies en France. 

A cause de leur ressemblance très approximative, certaines scolies paient un lourd tribu lors des chasses au frelon asiatique.
En effet avec les 2 bandes jaunes sur le dos, de nuit et sans lunettes on peut les confondre avec Vespa velutina.
Mais lorsque vous avez l’occasion de comparer les deux genres, il est difficile de se tromper par la suite.

Notes et références

Souvenirs entomologiques de J-H FABRE, tome 3
Wikipedia
Le monde des insectes, forum de référence.

Technique de prise de vue

Optique : voir légende photo
Boitier : Fuji X-T2
Soufflet macro : Nikon PB-6
Rail motorisé : « Ultra-rail » de MJKZZ
Eclairage : panneaux LED  Yougnuo yn300air et diffuseurs maison
Logiciels : Zerene Stacker, Affinity Photo et Capture One Pro

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